Préparons « le jour d’après » du coronavirus
Pourquoi changer ? Pour que le jour d’après ne soit pas pire que le jour d’avant. La crise que nous traversons n’est apparemment pas sans lien avec le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement et le non-respect de la nature et des autres espèces animales. On peut craindre qu’il y en ait d’autres si ne sont pas mis en œuvre des changements en profondeur sur les plans économique, social, politique et technologique. Cette crise sanitaire est l’occasion de changements individuels et collectifs.
« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas ». 1870, Carnets – Victor Hugo.
1 – Résumé des propositions de Bruno Latour, exprimées dans son texte Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise, paru dans AOC et dans son interview dans le Grand entretien dans les matins de France Inter
Qui aurait cru qu’un virus aurait mis en confinement des milliards de personnes et en arrêt l’économie mondiale ! Nous sommes sidérés et pourtant … quelques voix, trop inaudibles alors, nous avaient en quelque sorte prévenus.
On est envahi par les virus et on vit avec ; la nouveauté du coronavirus, c’est sa capacité à profiter de la mondialisation et à imposer un régime de contagion au monde entier.
La première leçon du coronavirus est aussi la plus stupéfiante, c’est qu’il est capable en quelques semaines de mettre l’économie mondiale à l’arrêt, de clouer au sol les avions, de ralentir drastiquement l’industrie, de créer un chômage considérable. Et l’on constate en fait que les Etats ont mis sous contrôle la finance. Or, à tous les arguments écologiques pour un changement de nos modes de vie, on opposait un système économique impossible à ralentir à cause de la globalisation. Et c’est justement son caractère globalisé qui rend si fragile ce fameux développement, susceptible au contraire de freiner puis de s’arrêter d’un coup.
Alors, si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu pour de bon ou au contraire accéléré. A la demande de bon sens : « Relançons le plus rapidement possible la production », il faut répondre par un cri : « Surtout pas ! L’inventaire de ce que l’on veut , c’est maintenant qu’il faut le faire». La dernière des choses à faire serait de reprendre à l’identique tout ce que nous faisions avant.
Pourquoi ne pas recommencer de la même façon ?
En décembre, en janvier, on allait déjà vers une catastrophe, la plus grande, la plus vaste : la mutation écologique. Deux catastrophes enchâssées l’une dans l’autre : celle du coronavirus, bien sûr dramatique mais que l’on est capable de surmonter, est moins tragique que celle de la mutation écologique que l’on a simplifiée en la ramenant à la température du climat mondial.
Alors profitons de cet arrêt mondial pour infléchir le système de production actuel dont nous savons qu’il est responsable, qu’il nous précipite et qu’il accélère vers une crise plus grave, plus terrible. Est-on capable de basculer d’une économie industrielle qui va dans le mur, vers une économie dans le cadre de ce qui est possible écologiquement ?
2 – Les 150 citoyens de la convention pour le climat se sont exprimés en faveur d’une sortie de crise « qui prépare à un modèle économique et sociétal différent, plus humain et plus résilient, face aux futures crises, qu’elles soient sanitaires ou autre. Convention citoyenne pour le climat