Enduits intérieurs en terre-paille
Dans le cadre de la réhabilitation d’une ancienne petite ferme en pierres de schiste, nous utilisons la terre et la paille pour habiller l’intérieur des murs. Nous avons souhaité partager notre expérience des enduits en terre et paille via ces quelques pages illustrées.
Préparation du mélange
Lors de précédents chantiers de corps d’enduit, nous préparions le mélange au fur et à mesure des besoins, par gâchées de 300 litres dans deux bacs en polyéthylène. Nous acheminions jusqu’au lieu de mise en oeuvre les différents ingrédients (terre, paille, eau et sable) et nous réalisions le mélange à cet endroit.
Pour ce chantier, nous avons tenté, avec un professionnel des enduits de terre, une méthode plus « mécanisée ». Il aura fallu une journée pour la préparation de la totalité du mélange nécessaire, soit environ 6m3.
Nous avons utilisé :
- un broyeur à paille, actionné par la prise de force d’un tracteur, qui nous a permis d’obtenir en 1h un volume d’environ 9m3 de paille broyée en morceaux de 4 à 10 cm
- une machine agricole appelée « mélangeuse », qui remplit dans notre cas le rôle d’une immense bétonnière, entraînée par la prise de force d’un tracteur
- un autre tracteur pour charger la terre et le sable
- une plate-forme le long de la mélangeuse (à réaliser soi-même) pour y verser la paille et la tonte de pelouse
- un tuyau d’arrosage relié à une pompe permettant l’acheminement de l’eau
Une fois le mélange correctement malaxé, nous l’avons déposé au plus près du lieu de mise en oeuvre afin de réduire autant que possible les distances d’acheminement.
Le tas est bâché durant les périodes de non utilisation et découvert a minima pour l’approvisionnement du chantier de mise en oeuvre, ceci afin de limiter le séchage du mélange encore en tas.
Nous avons mis en tout et pour tout 6 heures à 4 personnes pour réaliser ce mélange. Par rapport à cette durée, il faut signaler que les conditions de circulation sur notre chantier sont difficiles pour 2 tracteurs et que nous avons réalisé quelques manoeuvres délicates.
Recette
Voici à peu près la recette suivie, sachant qu’elle dépend de la quantité d’argile contenue dans la terre. Nous étions sur une terre à 40% d’argile environ.
- 1 volume de sable
- 3 volumes de terre
- 6 volumes de paille
- 0.5 volume de tonte de pelouse fraiche
La tonte de pelouse provoque une fermentation, qui apporte davantage de solidité à l’enduit une fois sec. Après une semaine, la fermentation libère quelques odeurs de fumier, l’odeur disparait une fois l’enduit sec.
Mise en oeuvre
La texture du mélange étant très molle, nous avons pu l’appliquer sur les murs sans avoir besoin de mouiller le support au préalable. Les murs intérieurs du bâtiment que nous avons enduits présentent trois types de support différents :
– Bottes de paille entre ossature avec couche d’accroche réalisée un an auparavant
– Pierres maçonnées à la terre argileuse (maçonnerie d’origine)
– Pierres maçonnées à la terre argileuse et recouvertes d’un gobetis de chaux et sable (ou de chaux batardée et de sable)
On applique le mélange à la main. A l’aide d’un platoir ou encore mieux, d’un piranha, on dresse le mur pour éviter au mieux creux et bosses. Au pied des murs, nous appliquons le même mélange, additionné de chaux, à raison de 1 volume de chaux hydraulique et 2 volumes de chaux aérienne pour 9 volumes de mélange terre-paille.
Séchage
Afin de favoriser le séchage, nous laissons autant que possible les portes et fenêtres ouvertes, pendant et après la mise en oeuvre. Si l’enduit ne sèche pas assez rapidement, des moisissures risquent de se développer sur l’enduit. Il suffit de les brosser ou de les laisser disparaitre avec le temps.
La finition sera réalisée une fois que le corps d’enduit sera devenu dur au toucher, pour limiter les risques de fissure.
Regards sur cette expérience
La séparation des deux activités « Préparation » et « Mise en oeuvre » permet d’être efficace dans le sens où n’interrompt jamais une des deux activités pour réaliser l’autre.
Pour vous permettre de juger de la fréquence de changement d’activité, lors des chantiers d’enduit où nous préparions le mélange au fil des besoins, la préparation 300 litres de mélange avec un malaxeur à main demandait 1 heure. Une seul personne applique cette quantité de mélange en 1h30 maximum sur des surfaces comportant peu de détails.
- Il est difficile de prévoir la quantité de mélange nécessaire et d’estimer la quantité produite ; aussi nous nous retrouvons avec beaucoup plus de mélange que nécessaire (environ 1/3 de la quantité totale produite). Cela n’est pas grave dans notre cas, car nous avons d’autres murs à enduire.
- Le fait de mécaniser la préparation du mélange est également très appréciable parce que cela nous permet de nous économiser physiquement.
Nous pensons que l’étape de mécanisation est nécessaire au développement de filière professionnelle de cette technique.
La préparation mécanisée du mélange est, pour nous, une bonne aide pour les grandes quantités. A recommander !